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L’appréhension des limites

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Je n’aime pas Louvain-la-Neuve. J’ai eu l’occasion de visiter cette ville avec une amie qui y fait ses études. C’est un charmant univers encerclé par l’autoroute, et dont on a fait le tour en cinq minutes à pieds. Bref, une horreur pour un claustrophobe venant d’une grande ville comme Liège. J’ai l’impression d’être dans The Thirteenth Floor.

Liège aussi a ses limites, mais elles sont tellement plus floues, et surtout plus lointaines. Je n’y pense pas quand je me ballade dans Liège. Car je sais qu’une heure de marche ne me suffirait pas pour en sortir.

L’actualité de ces derniers jours m’a rappelé cette autre réflexion, dans la même catégorie, mais à propos des limites de la connaissance cette fois: « Que feront-nous quand nous aurons découvert toutes les lois de l’univers? Restera-t-il un jour quelque chose à inventer? ». On peut croire qu’on n’arrivera jamais au bout, mais c’est faux. On n’y pense pas, ce temps semble tellement lointain.

Heureusement le cerveau humain a lui-même des limites. Peut-être que c’est ça qui nous empêchera de sombrer dans un état de désœuvrement menant à la dépression profonde. Personne ne pourra jamais connaître tout sur tout, de sorte qu’au niveau individuel il restera toujours des choses à apprendre.

Dans The Thirteenth Floor, comme dans Welt am Draht (et probablement le roman Simulacron-3 d’origine, mais je ne l’ai pas lu), quand les « gens » se rendent compte de leur caractère artificiel et les limites de leur univers, ils veulent absolument en sortir.
D’autre part, la première chose que fait Douglas Hall quand on lui fait cette révélation, c’est de prendre sa voiture et filer le plus loin possible jusqu’à la sortie de la ville. Soudain une barrière se dresse au milieu de la route. Au delà, les restes d’un paysage modelé en fils de fer. Pourquoi n’a-t-il jamais été confronté aux limites de son univers auparavant?

Mon amie n’a jamais vécu dans une grande ville. Elle n’est pas gênée par les limites de Louvain-La-Neuve car c’est ce qu’elle a connu de plus grand. Elle ne se rend pas compte que l’espace est si réduit. De même je suis pas gêné par les limites de Liège parce que je n’ai pas, à pieds, le moyen de me rendre compte de ces limites. J’ai l’illusion d’un univers infini.

Le problème ce ne sont pas les limites, c’est notre conscience des limites.

Written by Florimond

juillet 7, 2012 at 12:48