Un type au prénom pas commun

Si tu crois que ton piano comporte 102 touches, reste un peu.

Deux semaines de fouilles à Modave : 10/10

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Les étudiants de l’Université de Liège, en fin de première année d’archéologie ainsi que d’histoire de l’art, sont tenus de faire un stage de plusieurs semaines de fouilles. Ils ont le choix entre trois sites se trouvant en Belgique. Deux d’entre eux se trouvent à Modave. L’un est à proximité de Pont de Bonne, l’autre est le site de Trou Al’Wesse. Par curiosité, j’ai décidé de me joindre à eux pour les deux dernières semaines de juillet. J’ai passé dix jours à fouiller sur le site de Pont de Bonne. J’en fais ici le compte rendu, illustré par quelques photographies.

Vendredi 27 juillet. Cinquième jour, deuxième semaine.

Aujourd’hui, je dois terminer de nettoyer une zone de deux mètres de large devant la coupe, afin que celle-ci puisse être correctement dessinée. C’est évidemment très ennuyeux, et je m’arrête souvent. Pendant mes pauses, j’observe toute la surface qui a été nettoyée depuis le début de la fouille. J’ai l’impression d’y trouver quelques endroits où la roche est déstructurée. Les pierres y sont en morceaux de tailles réduites et ne s’alignent pas avec les roches alentour. Un doute est permis quant à savoir si ces cailloux ne sont pas venus reboucher un trou. Manu me charge de faire quelques vérifications. Elles seront infructueuses.
Enfin, ma carrière est précisément dessinée, photographiée, et topographiée.

J’ai eu l’impression de voir des traces d’outils sur certaines pierres. En vérité, il n’y a pas besoin d’utiliser d’outil pour extraire les roches. Elles sont « gélifractées », et on les prend comme elles viennent pour en faire des murs. Il n’est même pas nécessaire de les tailler car la gélifraction donne des arrêtes bien nettes.

Bilan :
2 seaux
5 ou 6 éclats d’os

Conclusion
L’histoire m’a toujours ennuyé, car elle demande beaucoup d’étude. Ce qui m’intéresse en archéologie, c’est le puzzle, la technique ; la dimension statistique, et génétique.
Pour moi, ce sont les vacances parfaites. J’ai vu des paysages, j’ai rencontré des gens, j’ai participé à l’avancement des fouilles, et j’ai appris des tas de choses. Il y a énormément de sites, un peu partout dans le monde, qui attendent des bénévoles. J’envisage d’aller voir en France, l’année prochaine, ou celle d’après. En tous cas il est presque certain que je ferai à nouveau des fouilles.

Les publications d’Emmanuel Delye sur ORBi

À propos du site de Trou Al’Wesse
À la grotte de Trou Al’Wesse, ils fouillent actuellement le paléolithique supérieur. On sait que le site était occupé par l’homme lors de la période aurignacienne.
Les os de rongeurs, qu’on y trouve en abondance, donnent une indication sur le climat. En fonction des espèces présentes dans différentes couches, on peut retracer l’histoire climatique de la région.
Par exemple, les lemmings aiment les froid. Ils sont présents dans certaines couches, puis disparaissent des couches suivantes, puis réapparaissent. Quand on effectue des tests génétiques sur ces os partiellement fossilisés, on s’aperçoit que ce n’est pas tout à fait la même espèce de Lemmings qui est revenue.
En fait, on a trouvé trois souches de lemmings différentes dans les couches 16, 14, 12. Apparemment, les lemmings s’éteignent dans la région quand elle devient plus tempérée et, quand elle refroidi à nouveau, reviennent du nord – ayant évolué entre temps.
On espère pouvoir généraliser cette évolution climatique à l’échelle mondiale en corrélant les informations recueillies ici avec celles d’autres sites.

L’année prochaine, Becky (la directrice des fouilles) va s’attaquer aux couches 16 et 17 qui correspondent à la fin de l’homme de Néandertal (d’Engis). J’espère en être !

Publications de Rebecca Miller sur ORBi

Written by Florimond

octobre 14, 2012 at 11:44

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Deux semaines de fouilles à Modave : 9/10

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Les étudiants de l’Université de Liège, en fin de première année d’archéologie ainsi que d’histoire de l’art, sont tenus de faire un stage de plusieurs semaines de fouilles. Ils ont le choix entre trois sites se trouvant en Belgique. Deux d’entre eux se trouvent à Modave. L’un est à proximité de Pont de Bonne, l’autre est le site de Trou Al’Wesse. Par curiosité, j’ai décidé de me joindre à eux pour les deux dernières semaines de juillet. J’ai passé dix jours à fouiller sur le site de Pont de Bonne. J’en fais ici le compte rendu, illustré par quelques photographies.

Jeudi 26 juillet. Quatrième jour, deuxième semaine.

Hier soir, en rentrant au camp, j’ai regardé mes photos sur le PC. Je me suis rendu compte que, dès que je ne les tiens pas en main, il est très difficile de juger de la tailles des objets.
J’ai également fait pas mal de photos des trous de poteaux. J’ai photographié ma carrière, profonde de quarante centimètres. Mais, sur les photos, il est impossible de percevoir le relief du sol. On dirait que tout est plat !
Aujourd’hui, je passe donc un temps considérable à recommencer mes photos en plaçant des échelles à côté des objets. Je tente également de rendre les dimensions de ma carrière, et particulièrement sa profondeur, en combinant une échelle placée verticalement, dans le fond de la structure, avec une autre placée horizontalement le long de cette structure.

Le silex peut prendre différentes teintes quand il est cuit. Hier, j’avais trouvé un silex bleuté. Aujourd’hui, ma voisine de fouille est tombée sur un joli morceau auquel le feu a donné plusieurs couleurs, du rouge au bleu.
Ces silex ont été cuits par « hasard », pas dans le but d’aboutir à un autre produit utile. C’est également le cas du morceau d’argile, « rubéfié », que je viens de trouver. C’est un morceau d’argile, dur, cuit, mais pas un tesson. À l’époque, on a pu faire un foyer en argile, ou une cheminée. Cet argile a cuit, mais c’est seulement un effet secondaire de son usage.

Bilan :
13 seaux
1 belle éponge (topographiée)
1 morceau d’os, 5 touts petits éclats
2 tessons age du fer

 

 

 

Written by Florimond

septembre 30, 2012 at 2:28

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Deux semaines de fouilles à Modave : 8/10

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Les étudiants de l’Université de Liège, en fin de première année d’archéologie ainsi que d’histoire de l’art, sont tenus de faire un stage de plusieurs semaines de fouilles. Ils ont le choix entre trois sites se trouvant en Belgique. Deux d’entre eux se trouvent à Modave. L’un est à proximité de Pont de Bonne, l’autre est le site de Trou Al’Wesse. Par curiosité, j’ai décidé de me joindre à eux pour les deux dernières semaines de juillet. J’ai passé dix jours à fouiller sur le site de Pont de Bonne. J’en fais ici le compte rendu, illustré par quelques photographies.

 Mercredi 25 juillet. Troisième jour, deuxième semaine.

Je dois finir de nettoyer les alentours de la carrière. Ce faisant, je découvre l’usage d’un nouveau format de truelle. Elle est beaucoup plus petite que la truelle que l’on nous donne à tous en début de chantier. Elle est aussi plus lourde et plus solide. Je m’en sers pour gratter la terre qu’il reste entre les pierres. Je la trouve également commode pour le décapage de zones qui ont été longtemps piétinées et où la terre est par conséquent devenue très dure.

 Je me suis mis à creuser un « terrier » sous un rocher calcaire. Manu m’explique qu’il ne devrait pas y avoir grand chose là dessous. Pourtant je continue, par principe, et je trouve finalement un joli morceau de silex qui sera immédiatement topographié. Cet objet n’a probablement pas été déposé là, mais s’est déplacé. La pluie s’infiltre et use la pierre, la glace la brise, le terrain bouge, … et la terre est en quelque sorte un fluide.

 Je trouve également un tesson appartenant probablement à l’age du fer. C’est un très beau bord, bien lisse, avec une courbe parfaitement régulière. C’est rare de trouver un bord.
Je tombe aussi sur un autre morceau de silex, à l’apparence étrange. Sa teinte est légèrement bleutée, et il a un « oeuil » et des sortes de veines ! Il a en fait été brûlé.
Enfin, j’extrais caillou que j’ai du mal à identifier. Il n’a apparemment pas ces alvéoles typiques des scories. Cependant son irrégularité est suspecte. Je décide de faire quelque chose de mal pour en avoir le cœur net. Je lui donne un bon coup de tranche de truelle dans les dents ! Ça y est je suis fixé : c’est une scorie. De petites alvéoles bien propres scintillent en son cœur.
J’avoue à Manu que j’ai dû casser pour savoir. Il m’explique alors que c’est une pratique courante, et que lui-même le fait régulièrement. Jusqu’à présent c’était pourtant « mal », et je ne crois pas qu’il dirait aux autres étudiants ce qu’il vient de me dire. Je pense qu’il me considère comme suffisamment aguerris pour pouvoir prendre ce genre de décision. Je suis content.

Bilan :
10 seaux
1 scorie atypique que j’ai dû casser pour en voir la structure interne
2 déchet de silex (dont un brûlé)
1 tesson probablement age du fer

Written by Florimond

septembre 23, 2012 at 10:34

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Deux semaines de fouilles à Modave : 7/10

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Les étudiants de l’Université de Liège, en fin de première année d’archéologie ainsi que d’histoire de l’art, sont tenus de faire un stage de plusieurs semaines de fouilles. Ils ont le choix entre trois sites se trouvant en Belgique. Deux d’entre eux se trouvent à Modave. L’un est à proximité de Pont de Bonne, l’autre est le site de Trou Al’Wesse. Par curiosité, j’ai décidé de me joindre à eux pour les deux dernières semaines de juillet. J’ai passé dix jours à fouiller sur le site de Pont de Bonne. J’en fais ici le compte rendu, illustré par quelques photographies.

Mardi 24 juillet. Deuxième jour, deuxième semaine.

J’ai continué à creuser mon étrange trou, qui s’est révélé vraiment profond par rapport aux autres structures. Une « structure » : c’est maintenant comme ça qu’on appelle ce que je fouille, à l’instar des autres trous – supposés être des trous de poteaux, pour la plus part – de la zone de fouille. On lui a même donné un numéro à cette structure, le 32. C’est un peu comme si ma dépression était à présent « officiellement intéressante », et ça m’apporte une certaine satisfaction. À partir de maintenant, je dois mettre dans un sachet spécial les objets que je trouve dans ma structure. Il faut aussi que je conserve dans un sachet un échantillon de terre et de diverses petites pierres qui proviennent du cœur de ma structure.

Ce n’est pas un trou de poteau. Il semble qu’il s’agisse d’un « phénomène de carrière ». C’est à dire que c’est un endroit dont on a extrait une ou plusieurs pierres de taille importante, probablement pour construire quelque chose. Ce n’est pas le premier phénomène que l’on trouve sur la zone, mais c’est le plus beau. D’ailleurs, les « trous de poteaux » ne correspondent toujours à aucune structure cohérente. On pourrait imaginer que certains d’entre eux soient en fait également des « phénomènes de carrière ». Peut-être qu’ils contenaient à l’époque un rocher qui dépassait du sol et n’était pas trop difficile à extraire pour en faire ce qu’on voulait. Ou ce rocher pouvait simplement gêner, pour une raison quelconque. C’est à ce stade difficile à dire.

Maintenant, ma structure est dégagée. Manu m’a demandé de me souvenir de ce que j’avais pu trouver, comme tesson, dans les couches supérieures de ma structure. Je ne me souvenais pas, mais j’ai pu me servir de mes notes. Ces notes que je prends tous les jours, et qui servent, ici, à ce compte rendu ! J’ai relu mes bilans quotidiens, et j’ai pu dire à Manu que, depuis X jours que je fouillais cette zone, j’avais enlevé Y seaux, et avais trouvé Z tessons. J’avais noté l’age des tessons, et je pouvais même ressortir des photos pour certains d’entre eux. Nous avons constaté que je n’avais pas trouvé grand chose qui donne des informations sur la structure. Mais nous savions que ce n’était pas simplement parce que je ne me souvenais pas. Je suis content de ma manière de travailler.

Cette fois ci je m’arrête à l’heure pile et je suis le premier. Ma structure est dégagée, elle est relativement profonde. J’ai enlevé vingt seaux, il fait chaud, je décide que ça suffit.

Dans la voiture, sur le chemin du retour, je dis à Manu que j’envisage d’aller sur le site de Becky le lendemain. Il me demande si je peux rester avec lui, car l’effectif est déjà réduit et il y a encore beaucoup de travail. Je suis d’accord, Trou Al’Wesse sera pour l’année prochaine.

Bilan:
20 seaux
1 tesson carolingien

Dans la structure même :
1 os
1 scorie

Written by Florimond

septembre 16, 2012 at 7:26

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Deux semaines de fouilles à Modave : 6/10

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Les étudiants de l’Université de Liège, en fin de première année d’archéologie ainsi que d’histoire de l’art, sont tenus de faire un stage de plusieurs semaines de fouilles. Ils ont le choix entre trois sites se trouvant en Belgique. Deux d’entre eux se trouvent à Modave. L’un est à proximité de Pont de Bonne, l’autre est le site de Trou Al’Wesse. Par curiosité, j’ai décidé de me joindre à eux pour les deux dernières semaines de juillet. J’ai passé dix jours à fouiller sur le site de Pont de Bonne. J’en fais ici le compte rendu, illustré par quelques photographies.

Lundi 23 juillet. Premier jour, deuxième semaine.

Je m’étais initialement inscrits pour deux semaines sur ce site de Pont de Bonne. Pourtant, la semaine passée, j’ai commencé à avoir envie de me rendre sur le second site de Modave, celui de Trou Al’Wesse. J’ai pensé que je pourrais y passer toute cette seconde semaine. Cependant, malgré mes tentatives de raccourcis peu orthodoxes, je n’ai pas pu finir de fouiller mon énigmatique dépression. J’ai donc décidé de revenir cette semaine, pour deux jours seulement, à Pont de Bonne. Je ne peux me résoudre à laisser quelqu’un d’autre que moi faire la lumière – littéralement – sur ce qui se trouve à cet endroit. Il faut dire que j’ai déjà passé pas loin de quinze heures à fouiller ce petit carré de terre.

La dépression a pour l’instant l’air plus large qu’un trou de poteau habituel. J’ai dû dégager encore une plus vaste zone autour de ce présumé tour de poteau, afin d’avoir une meilleure vue d’ensemble et ne pas risquer de détruire des informations importantes. Ma pause midi est réduite au minimum, et je ne ménage pas mes efforts. J’ai allègrement déblayé seize seaux de terre. J’ai trouvé pas mal d’objets, mais surtout une dent de « capriné » (caprinae). Les caprinés sont une sous-famille des bovidés qui comprend notamment les chèvres et les moutons. Cette découverte me permet d’apprendre à reconnaître une dent d’herbivore. C’est le premier os que je trouve. Il ne valait pas la peine d’être topographié cependant.

J’ai également trouvé fragment relativement plat, vert, et brillant, qui me fait penser au bout de petit « pavé » que quelqu’un a trouvé jeudi dernier. Manu m’explique qu’il est recouvert d’une « glaçure », plombifère, qui avait la double fonction d’imperméabiliser et de décorer le vase. Les glaçures jaunes apparaissent les premières, les vertes ensuite.

Bilan :
16 seaux
5 silex, dont un beau
5 scories, dont une belle
1 fragment vert !
1 dent de capriné (mouton ?)

Written by Florimond

septembre 16, 2012 at 4:19

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Deux semaines de fouilles à Modave : 5/10

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Les étudiants de l’Université de Liège, en fin de première année d’archéologie ainsi que d’histoire de l’art, sont tenus de faire un stage de plusieurs semaines de fouilles. Ils ont le choix entre trois sites se trouvant en Belgique. Deux d’entre eux se trouvent à Modave. L’un est à proximité de Pont de Bonne, l’autre est le site de Trou Al’Wesse. Par curiosité, j’ai décidé de me joindre à eux pour les deux dernières semaines de juillet. J’ai passé dix jours à fouiller sur le site de Pont de Bonne. J’en fais ici le compte rendu, illustré par quelques photographies.

Vendredi 20 juillet. Cinquième jour, première semaine.

J’ai continué ma fouille progressive, résolu à ne pas découvrir cette semaine si je suis en train de fouiller un trou de poteau ou non. La journée n’est pas pour autant décevante. Outre deux scories de taille importante, je trouverai un beau grattoir complet ! Ces trois objets seront immédiatement topographiés.

En effet, nous avons pu apporter sur le chantier une station totale. Nous sommes donc enfin en mesure d’enregistrer les coordonnées de tous les objets importants que nous avons découverts pendant la semaine. Ceux-ci sont toujours rangés dans leur petit sachet transparent, cloué à l’endroit précis de leur découverte. Les coordonnées serviront, entre autres, à dessiner une carte sur laquelle apparaîtront la position de tous les objets enregistrés depuis le début de la fouille. J’ai déjà pu voir une carte partielle de la zone que nous fouillons. Chaque objet est représenté par un point. Les points ont des couleurs différentes en fonction du type d’objet représenté. On peut ainsi observer la concentration, la répartition, des types d’objets en fonction des endroits. Par exemple, une concentration plus forte en scories dans une partie de la zone de fouille pourrait indiquer que se trouvait là un four.

Morceaux de silex, tessons d’ages divers, petites scories, je trouverai de nombreux autres objets, aujourd’hui. En fouillant, je pense à mon ami archéologue qui me racontais ses premières découvertes sur le terrain. Passionné, fasciné par ces objets que d’autres hommes ont fabriqués, utilisés, touchés, il y a si longtemps, il m’avait avoué avoir mis en bouche son premier tesson. Je comprends son désir de connaître intimement ces objets fascinants. Désir qui l’avait ramené un instant au stade oral.

Bilan :
9 seaux
1 tesson du néolithique
3 scories, dont deux remarquables
1 beau grattoir complet
1 gros tesson de l’age du fer

Written by Florimond

septembre 15, 2012 at 6:44

Deux semaines de fouilles à Modave : 4/10

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Les étudiants de l’Université de Liège, en fin de première année d’archéologie ainsi que d’histoire de l’art, sont tenus de faire un stage de plusieurs semaines de fouilles. Ils ont le choix entre trois sites se trouvant en Belgique. Deux d’entre eux se trouvent à Modave. L’un est à proximité de Pont de Bonne, l’autre est le site de Trou Al’Wesse. Par curiosité, j’ai décidé de me joindre à eux pour les deux dernières semaines de juillet. J’ai passé dix jours à fouiller sur le site de Pont de Bonne. J’en fais ici le compte rendu, illustré par quelques photographies.

Jeudi 19 juillet. Troisième jour, première semaine.

Nous n’avons heureusement pas constaté de dégradation suite aux événements d’hier. J’ai continué à creuser ce que je pensais être un trou de poteau. J’ai d’ailleurs extrait de nombreuses plaques de grès. Comme j’ai creusé sur une surface d’à peu près quarante centimètres carrés, je n’avais pas de vue d’ensemble. J’ai extrait tout ça sans avoir le schéma global et j’ai peut-être détruit des informations importantes. Manu, le directeur des fouilles, m’a demandé par deux fois de procéder par couches de dix centimètres sur une plus vaste surface, plutôt que de faire un « terrier ». J’ai persévéré à cause de mon enthousiasme. Je voulais avoir dégagé ce trou avant la fin de la semaine. Maintenant je regrette d’avoir agi comme ça. Je me suis résolu à tracer une ligne de coupe d’un mètre de large à proximité de mon « terrier », et à fouiller progressivement en suivant cette ligne.

Un étudiant a extrait une sorte de petit pavé, vert, brillant. Nous n’avons aucune idée de quoi il s’agit.

Tout en travaillant, je pensais à la possibilité de faire faire ce travail par des robots. Un bon apprentissage par l’exemple et un robot serait facilement plus efficace que nonante-neuf pour cent des étudiants qui sont ici.

Bilan :
11 ou 13 seaux de terre
2 morceaux de silex
1 tesson carolingien

Written by Florimond

septembre 5, 2012 at 9:01

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Deux semaines de fouilles à Modave : 3/10

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Les étudiants de l’Université de Liège, en fin de première année d’archéologie ainsi que d’histoire de l’art, sont tenus de faire un stage de plusieurs semaines de fouilles. Ils ont le choix entre trois sites se trouvant en Belgique. Deux d’entre eux se trouvent à Modave. L’un est à proximité de Pont de Bonne, l’autre est le site de Trou Al’Wesse. Par curiosité, j’ai décidé de me joindre à eux pour les deux dernières semaines de juillet. J’ai passé dix jours à fouiller sur le site de Pont de Bonne. J’en fais ici le compte rendu, illustré par quelques photographies.

Mercredi 18 juillet. Troisième jour, première semaine.

Je n’ai pas approfondi la coupe. J’ai conquis une bande de terre se trouvant à peu près au milieu de la zone à fouiller. Je n’avais pas rempli le premier seau que je trouvais déjà deux belles scories, à quelques centimètres l’une de l’autre, et de taille suffisante pour valoir d’être topographiées. Je n’ai donc pas creusé plus bas dans un rayon de quinze centimètre autour de la découverte. J’ai plutôt emballé les scories dans un petit sachet en plastique que j’ai cloué précisément à l’endroit où je les ai dégagées. Le clou que j’ai utilisé est un de ces longs clous arrêtés par une grosse tête en plastique vert, de sorte qu’il est bien visible et sert de support à la canne portant le prisme qui renvoie le rayon de lumière à la station totale lors de la topographie.

J’ai trouvé, entre autres, un tesson néolithique ainsi qu’un carolingien. Le tesson néolithique est plus épais, souvent plus foncé, et contient un « dégraissant » relativement grossier, par rapport au tesson carolingien. Le dégraissant est de la matière solide que l’on incorpore à l’argile avant de le cuire. Sur ce site, c’est très souvent du quartz concassé. Et ce quartz est généralement bien apparent dans la poterie néolithique. Le dégraissant est en général beaucoup plus fin dans les poteries ultérieures.
Mais la découverte du jour, et même de la semaine, sera un très beau « denticulé ». Le denticulé est un outil en silex, pourvu de dents, qui pouvait par exemple servir à gratter de l’écorce. C’est une découverte exceptionnelle à Pont de Bonne.

Manu a commencé à dessiner certains trous de poteau. On le dessine vu du haut, et en coupe. De nombreuses mesures sont prises, et reportées sur un papier millimétré.
Pendant ce temps, j’ai commencé à creuser à un endroit qui semble assez profond, et qui pourrait être un de ces trous de poteau que nous cherchons.

Des pillards !

En fin de journée, alors que je descends vers la voiture avec le matériel, je croise un groupe de personnes étranges. Je m’aperçois que l’une d’entre elles tient un détecteur de métaux. Cependant, je décide de ne rien leur dire, sachant que Manu va les croiser un peu plus loin, derrière moi. Je vais déposer le matériel, et reviens tout de même doucement sur mes pas. Manu et le doctorant arrivent enfin, en discutant. Comme ils ne semblent pas faire suffisamment attention à nos intrus, je m’apprête à leur faire des signes, de loin. Finalement, arrivé à quelque mètres du groupe, Manu leur jette un regard et les apostrophe en montrant le détecteur : « Heu c’est interdit ça! ». Il leur explique qu’ils ne peuvent pas se balader avec un détecteur et extraire des objets. Il tente de leur faire prendre conscience des dégâts qu’ils font. Il leur dit enfin, calmement : « je peux même appeler la police ». En effet, c’est la loi. Elle est malheureusement méconnue des services de police, mais c’est la loi.
Entre eux, ils parlent d’un autre site qu’ils ont visité plus tôt dans la journée. Ils consentent finalement à ramener le détecteur dans leur voiture. Nous notons leur plaque en vue de les signaler à la police (ce que Manu ne fera finalement pas).

Revenu au camp, je parle de cette histoire à Becky – la directrice des fouilles sur le second site. Elle raconte alors avoir également eu de la visite. Ce ne sont pas les même individus cependant. Plusieurs garçons, éméchés, sont venu troubler son travail. Elle a dû appeler le propriétaire du terrain et le garde forestier. Elle est angoissée de trouver son site saccagé demain matin. La même menace pèse sur mon site. Je lui propose d’aller avec elle faire une ronde, mais nous ne le ferons pas.

Bilan :
8 seaux de terre
4 scories
1 tesson du néolithique
1 tesson carolingien
2 tessons d’époque indéterminée
1 denticulé

Written by Florimond

septembre 5, 2012 at 8:25

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Deux semaines de fouilles à Modave : 2/10

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Les étudiants de l’Université de Liège, en fin de première année d’archéologie ainsi que d’histoire de l’art, sont tenus de faire un stage de plusieurs semaines de fouilles. Ils ont le choix entre trois sites se trouvant en Belgique. Deux d’entre eux se trouvent à Modave. L’un est à proximité de Pont de Bonne, l’autre est le site de Trou Al’Wesse. Par curiosité, j’ai décidé de me joindre à eux pour les deux dernières semaines de juillet. J’ai passé dix jours à fouiller sur le site de Pont de Bonne. J’en fait ici le compte rendu, illustré par quelques photographies.

Mardi 17 juillet. Deuxième jour, première semaine.

Le précédent épisode a été corrigé et augmenté.

Je viens de tomber sur une plaquette de grès. Un peu plus loin, une seconde. Je sais ce que ça signifie ! Le sol est calcaire. Ces plaquettes de grès ont été amenées là pour être utilisées comme cales, pour bloquer un poteau dans le trou qu’on lui avait aménagé dans la roche calcaire. C’est un événement important que de dégager un nouveau trou de poteau. Il n’y en a que quelques uns sur la zone. Je creuse avec de plus en plus d’impatience. Les coups de truelle sont fébriles. Je bute sur une pierre… encore du grès ?! Non, seulement la roche calcaire. Je continue à creuser un cercle de cinquante centimètres de diamètre… Je ne trouverai que l’habituel sol calcaire.
Les plaquettes viennent seulement du mur de rempart qui s’est effondré et est recouvert de terre un mètre plus loin. Si certaines de ces plaquettes ont été utilisées comme cales dans les trous de poteaux, d’autres sont simplement éparpillées ci et là. C’est une affaire de patience, l’archéologie. C’était la première vraie leçon…

Aujourd’hui le doctorant a empiété sur ma bande de terre en dégageant son trou de poteau. Nous étions trop serrés, j’ai décidé d’aller un peu plus loin. J’ai tracé la « coupe » sur trois mètres de long. En effet, la zone de fouilles, ici à peu près rectangulaire, est délimitée par des fils tendus au niveau du sol. Quelqu’un doit se charger de tracer la coupe. C’est à dire creuser, dans l’intérieur de la zone de fouille, bien droit le long des fils, sur au moins une dizaines de centimètres de profondeur et une vingtaine de large. C’est ainsi qu’est clairement déterminée, pour tous les autres archéologues du chantier, la frontière au delà de laquelle il ne peuvent pas creuser. Cette opération est plutôt pénible, car il s’agit en fait d’un gros « décapage ». Le décapage consiste à enlever la première couche d’humus, constituée en bonne partie de feuilles partiellement décomposées, et contenant de nombreuses racines, de très nombreuses radicelles, qu’il est nécessaire d’arracher. Cette couche ne contient en général pas grand chose d’intéressant. C’est donc long, et peu excitant.
Par la suite, toute la terre de la zone de fouilles devant être enlevée, la coupe devra être approfondie jusqu’à atteindre la roche calcaire. Il ne faudra pas enlever les pierres qui dépassent de la coupe mais peuvent tenir en l’air. On enlève seulement la terre et les racines tout autour. Mais ma mission consistait seulement à ébaucher cette coupe. Là où j’ai dépassé les dix centimètres de profondeur, c’était que la vue de plaquettes de grès m’incitait à chercher un trou de poteau. Je n’ai finalement trouvé qu’une chaussette sous une couche de feuille mortes. On peut raisonnablement penser que cette chaussette soit « contemporaine ».

Tout en travaillant, je pense au peu d’intérêt que les autres étudiants portent à ce que nous faisons, et ça m’amène au taylorisme. On dirait que tout ce qu’ils voient, c’est leur bande de terre à gratter. Ce n’est que de la terre à mettre dans un seau, qu’ils vont ensuite vider sur le tas en bordure de la zone de fouille. Ils ne posent pas de question. Ce que nous cherchons ne les intéresse pas.
Moi en revanche, je gratte la terre pour trouver. Des objets, et surtout de nouveaux trous de poteaux qui, je l’espère, seront alignés avec ceux qui sont déjà dégagés et permettront de dessiner un bâtiment. Je pose pas mal de questions, et j’ai une vision relativement globale des recherches que nous menons. À la fois cause et conséquence, je suis motivé ! Je retourne d’ailleurs travailler dès que j’ai fini de manger, au lieu de profiter comme les autres de l’entièreté de la pause de midi. Je suis à ce moment le seul à travailler sur le chantier. Je dirais me suis approprié l’objectif de la « société, » pour paraphraser Liberté & Cie que je suis en train de lire, le soir, au camp.
On ne peut donc pas dire que, à l’instar du taylorisme, les étudiants soient maintenus dans l’ignorance et forcés à répéter les même tâches pénibles dont ils ne voient pas le but final. Ils ne veulent pas savoir. Il ne tient qu’à eux de s’intéresser et de prendre des initiatives.

Bilan :
12 seaux de terre.
1 chaussette.

Written by Florimond

août 11, 2012 at 8:13

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Deux semaines de fouilles à Modave : 1/10 (article corrigé et augmenté)

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Les étudiants de l’Université de Liège, en fin de première année d’archéologie ainsi que d’histoire de l’art, sont tenus de faire un stage de plusieurs semaines de fouilles. Ils ont le choix entre trois sites se trouvant en Belgique. Deux d’entre eux se trouvent à Modave. L’un est à proximité de Pont de Bonne, l’autre est le site de Trou Al’Wesse. Par curiosité, j’ai décidé de me joindre à eux pour les deux dernières semaines de juillet. J’ai passé dix jours à fouiller sur le site de Pont de Bonne. J’en fais ici le compte rendu, illustré par quelques photographies.

 

Lundi 16 juillet : premier jour, première semaine.

Creuser pour trouver des trous

Du camp situé au centre omnisports de Vierset-Barse, je suis conduit en voiture jusqu’à Pont de Bonne. Pour arriver au chantier de fouille, il faut grimer une colline pendant une centaine de mètres. Là haut, la roche calcaire à été mise à nu sur une surface d’environ dix mètres carrés.

Ce plateau a été fortifié à plusieurs époques. On a mis au jour un bout de fossé néolithique, sans doute creusé pour y dresser une palissade. Derrière ce fossé, on retrouve plusieurs trous qui semblent être des trous de poteaux. On ne sait pas encore à quoi ils servaient. Il est possible que ces trous ne datent pas tous de la même époque. Il faudra attendre d’avoir fouillé correctement une large zone pour que l’image se dessine plus clairement.
Recouvrant par endroits le fossés néolithique, on trouve également d’épais murs de fortification datant, pour les parties les plus anciennes, de quelques décennies avant JC. Cet ancien mur devait protéger des invasions romaines. À partir de ces premières fortifications ont été construites d’autres fortifications à l’époque carolingienne. On n’a dégagé qu’une petite partie de ces murs, et on ne sait pas encore ce qu’ils protégeaient, car l’intérieur de la zone fortifiée n’a pas encore été fouillée.
Des murs ont été construits, des fossés creusés, d’autres comblés, …, la terre a été retournée de sorte qu’elle a perdu son habituelle structure en couches. On dégage, à la même hauteur, aussi bien des objets du néolithique, que de l’age du fer, ou de l’époque carolingienne. C’est une bonne chose, pour moi qui débute. Je peux creuser plus ou moins comme bon me semble.

Une fois sur le site, on m’explique rapidement le contexte des fouilles. On n’a pas beaucoup d’exemples d’objets à me montrer. Je sais seulement que je dois faire attention à ne jeter dans mon seau que de la terre et des cailloux sans importance. C’est mince.
On donne arbitrairement, à chaque membre de l’équipe, une bande de terre d’un mètre de large, à déblayer. Je m’installe donc avec ma brosse, mon seau, ma truelle, et surtout mon mousse pour les genoux !

Nous sommes accompagnés par le directeur des fouilles et un doctorant. Il ne faut pas longtemps pour qu’ils dégagent plusieurs objets. Ils nous les montrent. J’observe attentivement et je pose des questions. Très vite, j’ai donc une meilleure idée de ce que je cherche. Par exemple, le calcaire est rugueux alors que le silex, quand on l’a frotté avec les doigts pour enlever la terre, se révèle être très lisse, et généralement blanc comme du lait. Mais je ne trouverai rien ce matin là. À midi on peut s’arrêter une heure pour manger. Ce que nous faisons.

Mes collègues étudiants, au nombre de quatre, sont taciturnes. Tout en mangeant, j’essaie d’en savoir un peu plus sur eux. Il semble que ça ne les intéresse pas d’être là. Ils sont ici parce qu’ils y sont obligés, mais ils s’ennuient.
Après notre heure de pause, on recommence à gratter la terre.

Nous nous arrêtons à seize heures. Juste un peu avant, je trouverai finalement mon premier « objet ». Il s’agit d’un fragment de silex. Un quart d’heure plus tard je trouverai encore un tesson de poterie, carolingienne. Je suis content, je ne rentrerai pas bredouille ! Tout le monde ne peut pas en dire autant…

La nuit est difficile. Je ne m’attendais pas à ce qu’il fasse un si mauvais temps. Une fois la nuit tombée, il fait moins de dix degrés, et je ne suis pas équipé contre le froid. Je caille dans ma tente ballottée par une petite tempête. Personne ne dormira bien. Le lendemain nous nous levons à huit heures. « Manu », le directeur des fouilles de Pont de Bonnes, vient nous chercher en voiture à neuf heures pour nous amener sur le chantier.

Bilan :
8 seaux de terre.
1 fragment de silex.
1 tesson carolingien.

Written by Florimond

juillet 21, 2012 at 6:36